Hier, il y avait une catastrophe humanitaire ici. À Paris, le boulevard Ney était devenu un bidonville pour plus d’un millier de réfugiés. J’avais rencontré certains d’entre eux en 2016. J’avais entendu leur détresse, rit avec eux, retenu mes larmes devant eux. Le 7 novembre 2017, quelques mois après l’investiture d’Emmanuel Macron, le camp a été démantelé. Aujourd’hui, au milieu d’un chantier colossal, restent les vestiges d’un désastre.
Quand je descends du tramway T3b à Porte de la Chapelle et que je tourne la tête vers le boulevard Ney, les premiers mots qui me viennent sont “paysage de mort” et “dystopie”.
Il est seulement dix heures, le ciel est dégagé, l’air n’est même pas froid. Plus je m’attarde sur les lieux, plus ils me semblent maudits. J’ai l’impression que toute cette boue et cette terre ne font qu’ensevelir les mémoires de ceux, vivants ou morts aujourd’hui, qui ont eu ce boulevard comme maison.